
Cette semaine nos Experts immobiliers à Toulouse, sont eux aussi confinés. Quoi de plus naturel donc pour un professionnel de l’immobilier, de se demander quel pourrait être l’impact du coronavirus sur l’immobilier ? De formation juridique mais également économique, nos analystes experts, comme beaucoup, se demandent comment leur métier évoluera en fonction du contexte économique, des avancées technologiques ou encore de la concurrence.
Coronavirus et immobilier : pas de visite pas de vente
Si vous recherchez dans google « coronavirus et immobilier » comme nous l’avons fait avant de rédiger cet article, vous ne trouverez pas grand chose. Mais il est très simple de faire un premier constat par soi-même en allant sur le site d’annonces immobilières le plus connu tel que leboncoin.fr : de nouvelles annonces sont mises en ligne chaque jours (ou semblent être mises en ligne). Pas d’inquiétude à priori de ce côté là. Sauf que, comme beaucoup de sites leboncoin.fr dispose d’une option de « remontée » des annonces (quotidienne, hebdomadaire ou mensuelle). Et cette option remonte l’annonce immobilière en modifiant sa date de publication, ce qui lasse penser à tort que l’annonce est toute du jour même.
Comment vérifier si ces annonces sont de nouvelles annonces, ou des annonces publiées il y a quelques semaines. La réponse est simple : en regardant le stock général de biens immobiliers à vendre sur un secteur donné. Nous pour cela testé cela sur le secteur de la ville de Toulouse est voici ce que nous avons constaté : le stock général d’annonces sur le secteur de Toulouse (tous codes postaux confondus), n’a pas augmenté ces 5 derniers jours (progression de -0,7%). Cela signifie que les vendeurs ne publient plus de nouvelles annonces et pour les annonces déjà en lignes, ils attendent simplement la fin de leur abonnement. Nous vérifierons donc dans quelques semaines si le stock global continue de baisser ou non.
L’impact majeur du coronavirus sur les chiffres de l’immobilier
L’impact majeur de ce coronavirus sur l’immobilier est évident et aura des répercutions sur les chiffres pendant 3 à 6 mois. En effet, la conséquence principale, c’est d’abord l’arrêt des visites en respect du confinement, ce qui met un coup d’arrêt brutal aux nombres de compromis signés aujourd’hui et aux nombre de ventes officiellement enregistrées dans environ 3 mois. Mais il y a aussi les ventes en cours qui pour la plupart ont du être stoppées net. Le télétravail aidant la rédaction des compromis de vente et actes peut toujours se faire, et pour les notaires les plus modernes l’envoi des documents continue grâce aux échanges de mails et aux signatures à distance. Mais tant que de nouveaux dossiers ne rentrent pas dans les études notariales, le stock diminue.
L’impact d’une pandémie comme celle du coronavirus se traduit par une baisse du stock d’annonces immobilières, un arrêt complet des visites, et des signatures d’acte stoppées
Impact du coronavirus sur les prix de l’immobilier
L’impact du virus sur les prix de l’immobilier est aujourd’hui annoncé comme nul. Pas de baisse ni de flambée des prix et la raison es simple : le nombre d’acheteurs et le nombre de vendeurs ne changent pas, du moins dans l’immédiat. Donc pas d’impact immédiat, mais qu’en sera t-il de la montée des prix progressive que le marché immobilier français a connu ces dernières années ? On le rappelle cette montée était due à la concentration des populations au sein des grandes villes, délaissant la communes isolées économiquement au profit des villes comme Paris, Bordeaux, Marseille, Lyon, Toulouse etc. Il y a eu également un effet suite à la baisse des taux d’emprunt, qui ont largement contribué à donné du pouvoir d’achat d’une part et à la montée des prix immobiliers d’autre part. Et enfin ces dernières années ont été malgré tout le signe d’un retour de la confiance des ménages en l’économie, les poussant à l’achat de leur résidence principale ou à de l’investissement immobilier (qui sont les deux principales raisons d’un achat immobilier devant l’achat d’une résidences secondaire).
Comme les prix de l’immobilier vont évoluer après le coronavirus ? La réponse à cette question reste un peu plus flou, même si nous avons déjà quelques pistes. On peut effectivement s’attendre à quelques difficultés économiques dans les mois qui suivront la période de confinement (tout comme une hausse des divorces, une hausse des naissances, une vague d’abonnement dans les clubs de sport). Certains RH s’attendent également à recevoir plus de de candidats potentiels pour les emplois qu’ils proposent en raison de potentielles fermetures d’entreprises qui n’auraient pas survécues à l’arrêt de leur activité pendant la période de confinement.
Sur l’hypothèse d’un ralentissement économique et donc de ménages en difficulté potentielle après cette période, on peut anticiper une baisse du nombre d’acheteurs et une petite hausse du nombre de vendeurs de logement. On ne refera pas de cours d’économie dans cet article, mais l’impact, vous le devinerez, serait d’une baisse des prix de l’immobilier après l’épisode coronavirus. Oui mais voilà, tout ne va pas s’écrouler non plus, car la dynamique que le marché a connu ces derniers mois était tel que il semble peu probable que le marché ne redémarre pas quasi-immédiatement après la fin du confinement. Avec certainement des retards administratifs colossaux dus aux administrations fermées pendant la période mais sans toute fois empêcher les signatures des ventes de logements.
À ce jour et compte tenu des impacts économiques du virus, nous ne sommes pas encore alarmistes sur les impacts du coronavirus sur les prix de l’immobilier. Mais attention tout de même, cela ne reste valable que dans les grandes villes où la concentration est déjà forte, et pour la vente de biens immobiliers « courants » c’est à dire les appartements et maisons jusqu’à 700 000 € environ. Les autres biens de type château, grande propriété, biens très atypiques dont les prix demeurent élevés pour l’acheteur moyen subiront certainement un allongement de leur durée de vente et probablement une baisse de prix comme à chaque ralentissement de l’économie.
immobilier et coronavirus : acheteurs à vos emplettes !
Car en effet, même si le coronavirus stoppe les visite en immobilier, il n’empêche pas de communiquer par mails et de demander toutes les informations possibles aux vendeurs (qui sont pour l’occasion encore plus disponibles qu’à l’habitude). La concurrence devrait également être moins forte pendant cette période de confinement, ce qui donne la priorité aux gens qui saisissent l’opportunité. Cela ouvre forcément la voie à des négociations plus aisées, et n’obligeant pas les acheteurs à la précipitation comme on le constate régulièrement dans les coeur des grandes villes saturées dont les recherches d’un logement sont parfois compliquées. Acheteurs, à vos emplettes donc !

Martin-Emmanuel LE SUEUR
Expert immobilier en valeur vénale
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